L’École des Mutants

L’École des Mutants est une plateforme collaborative d’art et de recherche, initiée à Dakar par Hamedine Kane et Stéphane Verlet-Bottéro en 2018. Elle vise à mobiliser des espaces pour produire, transmettre et pluraliser des savoirs sans hiérarchie, en lien avec les mutations socioculturelles, écologiques et esthétiques du réel. Après avoir fait étape à Dakar avec Kër Thiossane autour de l'École Ponty, à la Biennale de Taipei autour de l'Université du Futur Africain, à Nantes avec l'exposition UFA, les deux artistes entament un nouveau chapitre en octobre 2021 à RAW Material Company. Leurs enquêtes sur les infrastructures d’éducation liées aux indépendances ouest-africaines continuent à travers cette collaboration avec une résidence de recherche, une exposition, une assemblée et cette publication.

Les textes ici rassemblés répondent, à partir de perspectives différentes, à la question pressante de comment on pourrait développer un nouveau rapport aux rêves du passé, en lien avec les besoins du présent. En guise d’ouverture à cette publication, la Charte de l’École des Mutants est publiée ici. Il s’agit d’une référence - autoréflexive et changeante - au format du manifeste qui a mis de l’ordre dans les espoirs d'autant de mouvements politiques et artistiques. Une correspondance entre l’École des Mutants et RAW Material Company nous plonge dans la zone génératrice de leur rencontre, à ce moment précis. Ensuite, l’écrivain Mamadou Diallo trace les déficits des systèmes scolaires dominants dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest, tout en identifiant des opportunités et espaces d’intervention. Prenant comme point de départ l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, dans un texte qui de façon poignante se situe à Dakar tout en voyageant à travers géographies et domaines spectraux, l’artiste Frida Robles Ponce nous partage ses réflexions sur le rôle que jouent les fantômes dans la transmission de savoirs. Pour terminer - au moins pour maintenant - dans un entretien entre l’École des Mutants et le sociologue et anthropologue Joseph Tonda, le fantasme de l’université est confronté aux réalités de l’éducation dite « supérieure » sur le continent africain.